NxxxxxS

NxxxxxS (prononcez “N-Five X-S”), un nom qui peut s’apparenter à une équation ou une énigme. Pour développer l’identité de ce producteur français, nouvelle signature Because Music & Mad Decent (label fondé par Diplo), il faut enquêter du côté de YouTube & Soundcloud, ce vivier d’artistes underground qui y trouvent leur premier lieu d’expression. 

Car avant de présenter son nouvel album en 2023, et notamment au public français, NxxxxxS s’est développé depuis une dizaine d’années une solide réputation sur la scène internationale, au sein des courants vaporwave, vaportrap & phonk. 

Des styles paradigmatiques d’une “internet music” que NxxxxxS a abordé sans réelle connaissance de production ou de composition. 

Le parisien se fait d’abord remarquer en sortant des beats sur YouTube, s’inspirant des rappeurs américains de la blog era – artistes s’affranchissant des circuits de distribution traditionnels au moyen des outils digitaux, particulièrement marqué dans le hip-hop – tels que Mac Miller ou Odd Future. Cet essai transformé, NxxxxxS se tourne vers la plateforme Soundcloud, devenue un rendez-vous incontournable pour les diggers, tastemakers et toute personne recherchant à la source les sons de demain. 

Influencé par des producteurs comme The Alchemist, NxxxxxS devient alors un des pionniers de la vaporwave et de la vaportap. Si ce genre infuse un grand nombre de productions actuelles, il trouve son origine sur les plateformes comme Reddit ou Tumblr dans les années 2010, se caractérisant par un sampling de sons le plus souvent commerciaux produits entre les 70’s et les années 2000 (musiques de pubs, lounge, smooth jazz ou encore musique d’ascenseur). Altérés, hachés & ralentis autour de 60 à 70 BPM selon les codes du hip-hop, ces sons deviennent des outils d’une pensée critique ou parodique envers le capitalisme, la société de consommation et les cultures qui en ont découlé, notamment les yuppies des années 1980. 

A cette recette NxxxxxS ajoute son grain de sel, un univers oscillant entre mélodies planantes, innombrables références cinématographiques et séquences horrifiques et en arrive à la sortie de son premier album en 2014, Fujita Scale (échelle de mesure des dégâts provoqués par les tornades NDLR). L’album touche un public à l’international du fait de l’histoire de son compositeur, et de sa discrétion sur sa nationalité française, et trouve même des fanbases inattendues comme le très fermé marché chinois. Fujita Scale ayant été uploadé sur l’une des plateformes de streaming chinoises, NxxxxxS devient un artiste identifié et assure trois tournées en Asie grâce à ce disque.

NxxxxxS n’attends pas et bat le fer encore chaud en enchaînant les collaborations diverses sur des projets plus ouverts musicalement avec une approche moins nichée en matière de références ou encore de sous-genres exploités dans le but de toucher un public nouveau. Naissent ainsi ses premiers succès comme « Synthetic Corporation » – qui deviendra aussi le nom de son propre label – « Remember Last Summer » ou encore « Formatted Excess », et son titre le plus plébiscité : Playa Shit, cumulant aujourd’hui plus de 11M de streams sur Spotify. Le nom de son futur album résonne aussi comme un pied de nez à sa volonté d’indépendance et de production, soucieux de conserver cette liberté qui fait sa force. 

Ce qui n’empêche pas d’être accompagné, et qui a amené NxxxxxS à s’associer avec Because Music & Mad Decent pour lui donner un nouvel élan et continuer à s’imposer comme un producteur à dimension internationale – auprès notamment d’un Diplo qui en est un exemple parfait, avec les moyens de soutenir son ambition pour élargir son public et faire connaître le nom de cet artiste aussi discret que prolifique. 

En somme, il parvient à répondre à l’énigme NxxxxxS en développant toujours plus ce qu’est NxxxxxS.