Le 91 est un grand département de rap. À Grigny, de nombreux rappeurs se sont forgés des réputations légendaires dans les années 2000 sans pour autant transformer le succès critique en succès commercial, comme La Comera ou LMC Click. Quelques années plus tard, l’influence se retrouve dans les jeunes artistes de la ville, venus pour transformer l’essai et marquer leur époque. Parmi eux, le nouveau talent du block Denzo, qui présente, après ses mixtapes « Atrocité » et « Atrocité 2 » sorties en 2019, son premier album « La Pépite ».
Cru et mélancolique, Denzo rappe une photographie des tours sombres, où le travail dans le four semble être la seule alternative possible. On peut presque voir les voisins qui pistent par la fenêtre, entendre les sirènes de police qui hurlent, sentir les gaz lacrymogènes qui mettent un terme aux émeutes. Là où le seum déborde, c’est la détermination seule qui vient sauver. Une énergie qui se ressent dans des morceaux marquants et touchants, où les punchlines sur l’argent facile côtoient les espoirs d’une vie meilleure pour lui et les siens.
Remarqué avec son groupe CG3, il obtient ses premiers millions de vue sur la chaîne Daymolition grâce à ses freestyles #TropAtroce. Arpèges de synthétiseurs menaçants, rythmiques traps : ses premiers fans l’ont apprécié pour une musique brutale et sans concession, comme en témoigne les succès de titres comme « Y’a les porcs » ou « Bendo ». Mais il a su également convaincre sur des morceaux plus écrits comme « Ce monde », où la profondeur de son texte est à la mesure de la largeur de son vécu. Une versatilité qui se retrouve dans ce premier album.
À ses côtés, des invités prestigieux. Koba la D le rejoint pour un second banger après « La Sacoche », Heuss l’Enfoiré est présent pour un titre résolument rap. Des invités également surprenants : l’artiste du 13e arrondissement Jok’Air, et le chanteur congolais Ferré Gola sur un émouvant titre dédié aux parents de Denzo. Même s’il dit qu’il n’est pas romantique parce qu’il a le charme du ghetto, il nous emmène aussi sur une chanson d’amour aux côtés de la jeune Ronisia, dont le refrain emprunte la mélodie nostalgique du single « No Scrubs », tube des années 90 du groupe TLC.
À Grigny, on sait innover et influencer la France. Après avoir fait parler toute la France en « bayes » et en « zer », la Grande Borne est prête à faire écouter à tout le monde Denzo.