MAGENTA CLUB

Ce « deuxième deuxième album » sera baptisé finalement x 1000 – en allusion à cette hyperbole des années 2020 – pour symboliser à la fois l’obstination proche de l’excès et la détermination de la formation. Il marque le retour d’instruments organiques (batterie, basse, guitare) qui se mêlent à ces autosamples, comme une confrontation permanente entre la machine et l’homme, l’électronique et l’organique, le dance-floor et l’avant-garde indie.

x 1000 s’ouvre ainsi par un haka syncopé aux enjolivures presque dub, miroir de l’époque dans son propos (Brumeux) et se termine par un mantra sur l’Amour fraternel et ce pacte conclu entre eux – dans un train – il y a huit ans (Corail Intercité). Entre temps, errance patraque sous couvert d’une projection d’un ailleurs possible (Marseille et Venise), invitation au lâcher-prise dopée par une electro-pop catchy (x 1000), détérioration relationnelle (Changé ensemble), nostalgie prégnante (FR3), constat couperet (Virilisme) ou encore impuissance face au monde extérieur (Subterfuge)… Magenta Club mêle tout au long de ce disque ses intentions de producteur en mouvement, l’introspectif et le questionnement citoyen (notamment sur Géant, morceau de vulnérabilité à double entente qui en est l’un de ciments). Conscients de l’inexorable temps qui passe et l’âme tourmentée, mais toujours en quête de stabilité et de transcendance.

Il y a huit ans, le collectif relançait les dés de son destin sous une nouvelle incarnation et publiait en 2021 l’album Monogramme, fruit d’une acclimatation patiente avec un nouveau terrain de jeu et en fracture avec ce qu’il avait pu produire auparavant. Impossible alors de savoir que cette grammaire irrégulière traversée par une house en français, allait avec le temps leur dévoiler d’autres secrets. C’est ainsi que Magenta parvient aujourd’hui à mettre à distance cette French Touch – qui l’aura obsédé pendant des années – pour une approche davantage syncrétique misant sur les textures et le contraste, les vertigineuses montagnes russes si significatives chez Radiodead et le groove mécanique des Happy Mondays, sans oublier quelques réminiscences de FAUVE. Il assemble ses élans tiraillés pour mieux les confondre, sans perdre en clarté ni en fluidité. La voix, d’un souffle haletant, s’autorise une liberté formelle tout en restant constamment au service de l’humeur instrumentale.

Le collectif reste finalement indomptable, imprévisible et passionné. Toujours prêt à explorer de nouveaux horizons pour réaliser ses ambitions étranges, il s’éloigne encore du conformisme, restant fidèle à ses idéaux.