JIMMY SOMERVILLE

Le premier album solo de Jimmy Somerville « Read My Lips » est réédité par London Records dans différents formats, avec des raretés et de nouveaux remixes, le 1er septembre 2023.

Sorti en 1989, « Read My Lips » a été disque d’or (trois titres dans le Top 30 UK + un top 5 UK avec la reprise de « You Make Me Feel (Mighty Real) » de Sylvester). En tant que leader de Bronski Beat et plus tard des Communards, Jimmy Somerville a acquis en cinq ans une renommée internationale avec plus de cinq millions d’albums vendus, sa musique étant reconnue dans le monde entier pour ses thèmes de célébration, de protestation et de défense des droits.

À la fin de la décennie, il s’est concentré sur la crise du sida. Comme l’explique l’écrivain et activiste Paul Burston dans les nouvelles notes de pochette de l’album: cinq années se sont écoulées depuis « Smalltown Boy ». Jimmy a passé une grande partie de ce temps à New York, où il a vu de ses propres yeux les ravages du sida. Il a perdu des amis et des amants. Selon ses propres termes, « Smalltown Boy » était « beaucoup plus subtil, émotionnel, un plaidoyer plus attentionné, alors que « Read My Lips » était du genre « cette fois, on ne prends plus de gants ».

« Read My Lips » est une expression utilisée par le collectif queer de New York Gran Fury, affilié à Act Up, une association dont Jimmy était un membre engagé. Les membres d’Act Up (Aids Coalition To Unleash Power) – un groupe politique œuvrant pour mettre fin à la crise du sida – risquaient régulièrement d’être arrêtés lorsqu’ils prenaient d’assaut des immeubles de bureaux, bloquaient la

circulation « unis dans la colère » face au manque de compréhension et de soutien envers les personnes atteintes du sida.

Avant et au moment de la sortie de l’album, Jimmy et son T-shirt Act Up étaient omniprésents, qu’il s’agisse de ses prestations grand public à Top of The Pops » ou au « Band Aid II », de la manifestation pour la journée mondiale contre le sida au cours de laquelle ses acolytes et lui-même se sont enchaînés sur le pont de Westminster, d’un sit-in forcé au consulat d’Australie (pour lequel il a été arrêté) ou pour avoir remis un T-shirt Act Up au président français de l’époque, M. Jacques Chirac.

À une époque où les médias britanniques s’acharnaient à diaboliser la vie de la communauté LGBT, Jimmy a réagi avec un album de chansons d’amour pour les homosexuels : « Je refusais de laisser les médias nous déshumaniser ».

Utiliser comme titre « Read My Lips » montre la capacité de Jimmy à transmettre un message par le biais de la pop: poignant, en colère et joyeux, avec la voix contre-ténor caractéristique de Jimmy exprimant à la fois le chagrin d’amour et l’euphorie pure. L’album comprend également sa version de « You Make Me Feel (Mighty Real) », un hommage à Sylvester, l’icône disco à l’origine de la chanson, décédé d’une maladie liée au sida en décembre 1988, et un hymne célébrant la liberté sexuelle et le fait d’être fidèle à soi-même. Comme l’a expliqué Jimmy dans une interview accordée à Billboard à l’époque: « Dans les années 70, tous ces hommes gays exprimaient leurs émotions en écrivant de la musique, puis en utilisant des chanteuses comme façade. Aujourd’hui, nous pouvons nous-mêmes interpréter ces chansons. C’est important de le faire. »

La douleur n’est nulle part plus évidente que sur l’un de ses titres préférés, « My Heart Is In Your Hands », qui évoque une rupture amoureuse. Quant au titre « Rain », ses paroles « did you know, that the rain it could kill, here comes the rain » (« saviez-vous que la pluie pouvait tuer, voici la pluie ») témoignent d’un appel à l’activisme en matière de changement climatique avant l’heure.

« Read My Lips » est réédité en LP simple (l’album original de 10 titres sur vinyle bleu), en double LP deluxe (vinyle transparent avec des remixes, des faces B, des raretés). Le double CD contient d’autres remixes, des démos inédites, des faces B et des raretés.

A l’occasion de cette réédition de « Read My Lips », ‘You Make Me Feel (Mighty Real)’ est revisité par le très estimé Gerd Janson, boss du label Running Back.

« Read My Lips », déclare Paul Burston, « n’est pas simplement une capsule temporelle ou un exercice de nostalgie. Il est à la fois de son temps et intemporel. En réécoutant, je suis frappé non seulement par les souvenirs que ça évoque, mais aussi par la myriade d’émotions suscitées chez l’auditeur: défi, joie, tristesse et, oui, colère. Elles sont toutes présentes dans la voix de Jimmy, l’une des plus distinctives de l’histoire de la pop ».