120 Battements Par Minute

120 BATTEMENTS PAR MINUTE – ORIGINAL SOUNDTRACK
Musique par Arnaud Rebotini
« 120 BPM ou une musique de survie »

J’ai toujours trouvé surprenant de voir que la house a explosé en 1987, au moment où le sida est vraiment arrivé en France avec le premier pic de contaminations en milieu gay et toxicomane. Ces deux évènements n’ont bien sûr aucun lien de causalité mais je l’ai pris comme un tournant culturel, comme deux forces majeures qui s’affrontaient tout en s’accompagnant. Le VIH, c’était une mort presque certaine alors que la house était le renouveau de la dance music dans son aspect le plus joyeux. Le sida concernait alors surtout les Blancs, la house était clairement un genre issu de la communauté afroaméricaine.
Née à Chicago, elle était déjà une réponse à l’angoisse des Noirs, gays et leur entourage, qui trouvaient dans le son brut des premiers disques une force qui s’adressait directement à eux. De Chicago à Detroit, le son a envahi New York, puis Londres, puis Paris. A La Luna, les premiers gays qui dansaient sur la house étaient consolés par Laurent Garnier au début de sa carrière. C’était un moment d’échange : les gays étaient heureux d’accueillir Garnier qui venait de Manchester et Garnier nous offrait la musique qui calmait nos inquiétudes. Le début d’une amitié totale. Je me rappellerai toujours la nuit où il a joué pour la première « Do What You Feel » de Joey Negro.

Les fondateurs d’Act-Up Paris, en 1989, savaient qu’il fallait associer la lutte contre le sida et la house victorieuse. 1989 était l’année du Second Sumer of Love, Ibiza était magnifique avec l’Amnésia ouverte sur le ciel étoilé, DJ Alfredo imposait le son baléarique, un sous-genre musical dédié à la nature. Je raconte dans mon premier livre, « Act Up, une histoire » (qui bénéficie d’une nouvelle édition pour accompagner la sortie du film) que ce rapprochement entre les deux mouvements culturels montants devait absolument être établi en France. Exactement comme Keith Haring, fidèle du Paradise Garage à New York, avait fait le lien entre le sida et la joie du clubbing multi-ethnique. 1989 était encore une année naïve, on croyait vraiment à un monde meilleur, il suffit d’écouter les premiers disques de De La Soul et ensuite Deee-Lite. Les premières années d’Act Up sont indissociables des premiers disques que je ramenais de New York et de Londres. Les militants d’Act Up étaient témoins de ces disques, The Orb, S-Express, Mr Fingers et Derrick May, Black Box, tout était exaltant dans cette musique. Yazz nous disait « The Only Way Is Up » et on l’aimait pour ce message d’amour.

De 1992 à 1995, la période que traite « 120 BPM », la house est arrivée à son plus beau plateau même si la techno devenait dominante. La techno de Detroit était encore plus belle, plus intellectuelle, plus mélancolique aussi. Pour moi, c’était l’époque dorée des disques de Frankie Knuckles, mon producteur new-yorkais préféré du début des années 90. Quelque chose s’était passé. Tous ces mixes orchestraux, ces violons en surabondance, ce grand piano, on avait plongé dans le moment le plus dur de l’épidémie avec tant de personnes malades à travers le monde et très peu d’espoir dans la recherche des médicaments. La house a devancé nos besoins en déroulant un tapis rouge de disques qui portaient le drama à son summum. C’est le rôle thérapeutique de la musique, nous donner la force quand l’avenir est bouché et que les militants mouraient, durcissant nos cœurs, nourrissant notre résilience. Comme dans le film, je faisais des cassettes pour mes amis et mes amants. Je passais beaucoup de temps à imaginer la BO de mon enterrement. Toute la musique était recouverte d’un glacis mortuaire. Aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à écouter ces disques que j’aime tant. J’y vois le souvenir de mon désespoir.

La musique de « 120 BPM » répond exactement à cet état d’esprit. 1995, c’était il y a 27 ans, l’âge des jeunes qui vont découvrir ce film qui s’adresse particulièrement à la génération des millenials. Ils sont nés à un moment charnière, juste avant la découverte des multi thérapies, ils sont le renouveau, la beauté du monde qui se renouvelle. Mais la mélancolie qui a bercé leur naissance est palpable dans la musique d’Arnaud Rebotini. « 120 BPM » est un moment de réunion à travers le clubbing, ce moment où on oublie ses angoisses en dansant avec ses amis, ce que nous appelions à Act Up « la famille choisie ». Garçons et filles dansent dans un club dont on ne voit pas les murs, baigné d’une lumière simple. C’est leur récréation militante. Les visages sont en gros plan, on les retrouve ainsi à plusieurs reprises dans le film, ce qui nous rappelle les grands clubs qui ont servi de rassemblement pour tous les hommes angoissés : Trade à Londres, The Sound Factory à New York, puis Body & Soul, le Rex à Paris. Et « What About This Love » de Mr Fingers, remixé par les Masters At Work, aborde déjà l’idée du souvenir de ce qui est perdu.

Arnaud Rebotini, après avoir composé la BO du film précédent de Robin Campillo, « Eastern Boys », est un DJ reconnu, compositeur et homme gentil, ce qui est pour moi la première des qualités. Ici, tout son travail est dans la retenue de son amour pour la house et la techno. Je crois qu’il s’est mis volontairement en retrait par rapport à la force du film et le thème du sida. Il accompagne et soutient l’image et même son remix de « Smaltown Boy » de Bronski Beatest dans un processus de respect, presque d’intimidation. Mais ce disque n’est pas nostalgique, c’est un regard moderne sur ce qui s’est passé il y a longtemps, avec la même fascination pour les synthés de l’époque où l’analogique était si important. Cette BO est ce qui équilibre ce film, qui justifie ce titre si conceptuel : « 120 BPM », le rythme naturel de la house et du cœur, la musique qui nous a fait tenir quand on n’y croyait plus, le mouvement musical le plus important de ces trente dernières années avec le Hip Hop.

Didier Lestrade

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